Ma peinture est comme une empreinte de mes doigts. Le mode de réalisation est l'empreinte de mon esprit.

Quand je pense dans les teintes de gris - j’ai envie de parler de moi-même, des choses spécifiques, de tous les êtres vivants... Si je veux raconter - j'évite la ligne parce que la ligne est un raccourci. Si infiniment fine que la phrase est supprimée, les lettres sont perdues et il ne reste plus qu’un son court. Je manque alors la réalité et je balance désespérément sur le tranchant du couteau, en cherchant le début et la fin. La ligne est un mirage. Elle n’apparaît qu’après que de la lumière et de l'ombre la créent.

Quand je veux raconter, je parle de la forme, de l'air et de l'espace. C’est ainsi que je me constitue la logique... parfois... La logique naît chaque fois que la profondeur dérange. Après, je n’admire que la surface... La ligne n’est qu’une surface. Variable, dépendante. La ligne naît quand je pense dans les teintes de gris.

Quand les frontières me gênent - j’évite la ligne. En ce moment j’aime tout ce qui est insaisissable, inexistant, fragile, semblant. Ce qui disparaît immédiatement dans la lumière vive ou dans l'obscurité épaisse. Mais aussitôt que je sens que je suis seule dans l’espace, j’appelle au secours. Sans environnement je perds ma raison d’être. Une ligne sans environnement est comme moi sans ma carte d’identité. Supprimez l’environnement - et la ligne disparaît aussi...

Je suis dessinatrice dans une enveloppe de femme.

Quand je me tais, je dessine une ligne.

Kudrová Elen